Tuesday, June 21, 2011

Georgette Favory, conseillère pédagogique au BEC : « Les comportements des enfants sont le reflet de la société »

La conseillère pédagogique au Bureau d’Éducation Catholique (BEC), Georgette Favory, soutient que les enfants évoluent avec leur temps et que les comportements actuels sont le reflet de la société.

L’incident à l’école Émilienne Rochecouste, la semaine dernière, interpelle. Comme plusieurs autres cas répertoriés récemment dans les écoles primaires. La violence scolaire est souvent une réalité chez des enfants de moins de 10 ans maintenant.  C'est une évolution inquiétante, n'est-ce-pas ?
Je ne pense pas que l’on puisse parler de violence scolaire qui progresse dans les écoles. Il y a certainement des manifestations particulières et peu habituelles, mais il est faux de dire qu’elles sont très fréquentes. Aucune étude n’a démontré cette progression d'indiscipline en milieu scolaire. Je vais tout au long de l’entretien récuser le terme violence scolaire, car je crois que l’objectif est de contenir tout dérapage et d’aider les enfants à sortir de leurs difficultés.

Il faut aussi souligner que ces manifestations étaient tout aussi présentes dans les écoles, il y a 20 ans. Il y a deux différences fondamentales avec ce qui se passe actuellement. L’une portant sur la manière. L’autre sur la rapidité à laquelle l’information circule avec les radios privées, et les journaux qui sont de plus en plus à l’affût de l’information. Ce qui fait que tout le monde est aujourd’hui plus exposé à ce qui se passe dans les écoles.

Ainsi, je maintiens que l’incident à l’école Émilienne Rochecouste est un cas isolé. Il ne faut pas généraliser le problème. Il en est de même pour les autres cas que je considère isolés.

Les enfants évoluent avec leur temps. À chaque époque, le mal-être est exprimé de manière différente. Bref, le comportement de l’enfant est le reflet de la société. Heureusement, qu’au niveau des écoles du BEC, la situation reste gérable.

Est-ce exagéré de faire une corrélation entre ces fréquents incidents et des difficultés d’apprentissage au niveau des écoles, notamment primaires... Avons-nous noté une baisse du taux de réussite ces dernières années ?
Il n’y a aucune corrélation. Il ne faut ni catégoriser les enfants ni les stigmatiser. Les incidents, de même que les difficultés d’apprentissage, sont des problèmes très distincts. Ils peuvent intervenir dans n’importe quelle institution scolaire. Je crois qu’il est important de trouver des moyens pour combattre les problèmes au lieu de s’attarder sur quelques faits qui dérangent.

Les enseignants sont souvent désarmés face aux comportements agressifs, indisciplinés, des enfants. Il est important de pouvoir les doter de moyens pour dépister ces problématiques chez les enfants… Que fait le BEC à ce niveau pour assurer une formation plus holistique des enseignants ?
Dès la première année de primaire, nous avons mis une structure en place pour permettre aux enseignants de suivre chaque enfant, tout en identifiant ses forces et de faiblesses. Ce qui permettra à l’enfant d’avoir plus ses confiance en lui.
Il y a une formation continue au BEC à plusieurs niveaux pour assurer que l’enfant ait une prise en charge professionnelle en cas de difficulté. Même quand cela se passe bien, nous avons des réunions mensuelles avec la direction de nos écoles, les enseignants, pour offrir une pédagogie plus saine pour assurer le développement intégral de l’enfant.

De plus, nous avons initié un programme Zippy, qui aide les enfants à gérer leurs émotions. Nous travaillons en collaboration avec l’Institut Cardinal Margéot sur ce programme. Sans compter que nos psychologues visitent les écoles régulièrement.

Est-ce que l’automutilation est fréquente dans vos institutions ? (Pour cette question, il serait intéressant de ne pas limiter l’analyse aux seules écoles primaires si effectivement ce phénomène est présent dans les écoles du BEC) ...
Non, je n’ai pas été en contact avec ce phénomène dans les écoles primaires du BEC. Je ne crois pas que c’est le cas également pour le secondaire, car si la situation avait été aggravante, j’aurais été au courant.

 Le BEC, contrairement aux écoles publiques, offre un soutien psychologique aux enfants. Est-ce que toutes vos écoles ont des psychologues pour encadrer les enfants en difficulté ?
Effectivement, à ce niveau, nous avons une structure qui marche. En revanche, pour les écoles primaires RCA, nous recevons aussi des psychologues du ministère de l’Éducation. Mais le service de ces derniers n’est pas d’une grande efficacité. D’autant que les psychologues du ministère viennent à l’école chaque trimestre. Il n’y alors aucun suivi possible. Nous souhaitons également qu’il y ait des rencontres plus fréquentes entre les techniciens du ministère de l’Éducation, des travailleurs sociaux, et le BEC pour voir dans quelle mesure nous pouvons accompagner les enfants. Car, à titre d’exemple, les enfants qui ont des problèmes familiaux portent des stigmates en eux, qui ont des répercussions sur leurs études. Ils sont malades émotionnellement. Ces enfants doivent avoir un encadrement spécial.

En sus du soutien psychologique qui est très important, quelles sont les mesures entreprises par le BEC pour combattre la violence scolaire dans les écoles ?
Toutes les mesures mentionnées font partie des nombreuses initiatives que nous avons mises en place pour prévenir des problèmes. D’autre part, nous estimons que le système éducatif doit être revu complètement. La compétition à outrance pour la course aux A+ n’aide pas. Ce qui fait que nous n’avons pas encore trouvé une formule idéale pour aider au développement holistique de l’enfant et non au développement académique seulement. Il faut des efforts et des moyens que nous n’avons pas suffisamment jusqu’ici, pour atteindre l’objectif que nous voulons.

« Les enfants évoluent avec leur temps. À chaque époque, le mal-être est exprimé de manière différente. Bref, le comportement de l’enfant est le reflet de la société »
DéfiMédia

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